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La face cachée de la guerre

Selon un article de l'actualité.com du 15 mars 2008

Qu’arrive-t-il aux soldats canadiens blessés en Afghanistan ? L’actualité a appris que 130 d’entre eux avaient été soignés à l’hôpital militaire américain de Landstuhl, en Allemagne. Visite exclusive d’un centre médical ultra-discret…

publié dans L'actualité du 15 mars 2008

Les patients qui souffrent de dépression ou d’anxiété ne s’en ouvrent pas facilement : ils craignent d’être considérés comme faibles et redoutent que cela ne nuise à leur carrière. Mais lorsqu’ils finissent par se confier, ils parlent de leurs cauchemars, de flash-back qui les condamnent à se remémorer et à revivre leur traumatisme. Ils s’enfoncent dans une dépression profonde et seront difficiles à traiter. Le New York Time a cité une étude de chercheurs des universités Harvard et Columbia indiquant que les soins psychiatriques coûteraient 14 milliards de dollars américains au cours des 20 prochaines années.

Le problème des soldats est aggravé par la durée de leurs affectations, qui se prolongent. Au début de la guerre, les Américains étaient envoyés pour un an en Irak ; ils y restent désormais 15 mois. Les Canadiens affectés en Afghanistan pouvaient s’attendre à y passer six mois ; ils y restent maintenant jusqu’à neuf mois. « C’est dur pour les soldats et leur famille, peut-être surtout pour les familles », explique le lieutenant-colonel américain Gary Southwell, psychologue clinicien et neuropsychologue. Les conjoints restés aux États-Unis menacent de divorcer, de partir avec les enfants. La pression est énorme. « Ceux qui enchaînent les affectations risquent fort de s’épuiser. »


Leurs drames finissent par peser sur le personnel. Celui-ci bénéficie d’une technologie dernier cri pour assurer le suivi des cas les plus difficiles. Quand je suis passé à Landstuhl, des chirurgiens participaient justement à une visioconférence avec des collègues aux États-Unis, en Irak et en Afghanistan, afin de faire le point sur certains patients. Mais l’arrivée incessante de blessés, qu’on rapatrie trois fois sur quatre aux États-Unis avant qu’ils soient tout à fait rétablis, risque d’entraîner ce qu’on appelle là-bas de la compassion fatigue, l’épuisement et la dépression qui guettent les personnes qui, à force d’aider ceux qui souffrent, finissent par avoir besoin d’aide elles-mêmes.

L’aumônier Patrick Lublink assimile son travail auprès des soldats blessés à celui d’un « prêtre de rue ». « Je suis à l’écoute de leur détresse, précise-t-il. Je cherche, dans le ton de leur voix, s’il y a du désespoir. » Mais il est aussi là pour les aider à décompresser. Dès que ça commence à aller mieux, il les emmène en promenade dans sa Ford noire de location, parfois jusqu’en France, à une quarantaine de kilomètres de là. Ils y mettent les pieds comme des touristes, comme des civils, des Québécois ordinaires, s’étonnant de constater que, soudainement, « tout est en français ». Comme chez eux. Encore quelques heures d’avion, et ils y seront.

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